Chapitre III

Fondée en 1755, la vénérable banque Russell était un des établissements financiers les plus prospères de la Cité de Londres. Située dans King William Street, elle ressemblait à un majestueux temple antique dont la façade monumentale alliait la richesse au prestige. Deux colonnes corinthiennes surmontées de chapiteaux encadraient l’entrée et soutenaient une architrave sur laquelle était inscrit en lettres immenses « Banque Russell ». Sous les bureaux dans lesquels besognaient les commis s’étendait un vaste réseau de caves regorgeant de lingots d’or, de billets de banque, de bijoux et d’objets précieux. Plus au sud, en direction de la Tamise, étaient creusées d’autres salles pouvant servir de réserves secrètes et dont seul le directeur de la banque Russell connaissait l’existence. Celui-ci pouvait y accéder par un passage habilement dissimulé dans les lambris de son bureau, et une deuxième issue débouchant dans une maison près du fleuve avait été aménagée quatre ans plus tôt. Car ces caves n’étaient pas utilisées par le directeur pour y entreposer les richesses de la banque et celles de ses clients ; elles avaient été détournées de leur vocation première et servaient désormais de centre névralgique à des activités nettement moins honorables.

Dans l’une de ces salles secrètes, une horloge à balancier sonna les deux heures de l’après-midi. Le deuxième coup vibra intensément sous la voûte de la pièce, se répercutant sur les murs drapés d’épaisses tentures de soie écarlate.

À la surface, l’activité frénétique de la Cité battait son plein.

Sous terre, le Cercle du Phénix était sur le point de se réunir.

Les participants, une quinzaine d’hommes au visage masqué d’un loup de velours noir, attendaient en silence le Commandeur, assis autour d’une longue table ovale en bois précieux. Seules les lueurs tremblotantes de quelques bougies disséminées dans la pièce les éclairaient. La pénombre régnait dans la salle, et des ombres gigantesques et effrayantes dansaient sur les murs ensanglantés. Une atmosphère lourde d’expectative pesait sur les membres du Cercle. Tous pressentaient que des nouvelles décisives allaient être annoncées dans les minutes à venir.

Une porte dissimulée dans le mur du fond s’ouvrit en grinçant sur un homme de haute stature au maintien rigide, boutonné dans une stricte redingote noire. Son visage austère et intelligent, taillé à coups de hache, était encadré de favoris grisonnants. Froid comme du marbre, il vint s’asseoir au bout de la table, salué par des hochements de tête respectueux. Son masque laissait entrevoir des yeux d’un gris métallique, vifs et perçants, auxquels nul détail ne semblait échapper.

— Messieurs, commença-t-il d’une voix étrangement suave et douce qui contrastait avec la dureté de sa physionomie, nous sommes aujourd’hui rassemblés pour évoquer un point d’une extrême importance. Il s’agit du problème de longue date posé par le magistrat de Westminster, Sir George Kendall. Vous n’ignorez pas qu’il se montre fort peu coopératif, malgré les généreuses incitations dont il a fait l’objet de notre part. Son honnêteté, son inflexible refus de se laisser corrompre, deviennent un obstacle pour l’avenir de notre organisation. Il a déjà causé beaucoup de tort au Cercle, et son existence met en danger notre expansion. Une décision a donc été prise.

Le Commandeur fit une pause dramatique, jaugeant sévèrement ses lieutenants qui le fixaient, le souffle suspendu. Puis, venimeux comme un cobra, il siffla :

— À l’heure où je vous parle, Messieurs, le destin de Sir George Kendall est scellé. La difficulté est par conséquent réglée.

Un murmure approbateur accueillit ces paroles. Tel était le sort des hommes qui avaient l’audace de se dresser sur le chemin du Cercle du Phénix. Arthur Stanford, Robert Sullivan, Albert Matthews, John Browning, Herbert Tyndall… Longue était la liste de ceux, policiers, magistrats ou journalistes, qui avaient payé de leur vie leur insoumission.

Satisfait de la réaction de son auditoire, le Commandeur entreprit d’expédier les affaires courantes. Le reste de la séance se passa à énumérer les gains des activités frauduleuses du mois et à discuter des projets en cours. Des blâmes et des compliments furent distribués en fonction des résultats de chacun, le blâme étant la norme et le compliment l’exception. Enfin, à trois heures précises, le Commandeur se leva et clôtura la réunion d’un ton solennel :

— Messieurs, la séance est levée.

Il attendit que les membres du Cercle soient sortis par la porte opposée avant de regagner son bureau au sein de la banque Russell.

Son cabinet, d’aspect sévère et imposant, était dans un ordre parfait et meublé richement : un monumental bureau d’acajou à cylindre, contenant un grand nombre de tiroirs dotés de serrures à secret, occupait le centre de la pièce ; plusieurs lourdes chaises, en acajou également, lui faisaient face, recouvertes de coussins en velours vert ; un crucifix en ivoire constituait le seul ornement de la cheminée haute et construite à l’antique, sur la tablette de laquelle reposait une pendule dorée.

Le Commandeur se carra dans son confortable fauteuil et jeta un regard distrait aux cotes journalières de la Bourse posées sur le bureau par son secrétaire. Le tumulte de la banque qu’il dirigeait d’une main de fer depuis quinze ans lui parvenait par intermittence, assourdi par les murs épais. Il devait présider un conseil d’administration dans une vingtaine de minutes, ce qui lui laissait un peu de temps pour réfléchir.

Lors de la réunion du Cercle, il s’était abstenu d’évoquer un point fondamental devant ses lieutenants. Ce sujet revêtait une importance si capitale qu’il était enrobé de mystère ; seuls quelques rares élus avaient été mis dans la confidence.

Il s’agissait d’un projet de grande ampleur qui, s’il aboutissait, procurerait à l’organisation une richesse et une influence sans égales. La première phase du plan était en bonne voie d’exécution. Les espions du Commandeur à Paris lui avaient fourni des renseignements précieux, et Thomas Ferguson avait été éliminé. Celui-ci avait pu cependant envoyer avant sa mort le premier Triangle à une de ses amies, Cassandra Jamiston, et son fils Nicholas était en possession du deuxième. Ces Triangles, indispensables à la réalisation de l’objectif, devaient à tout prix être récupérés. Les informateurs du Cercle avaient perdu la piste de Nicholas Ferguson peu après son départ de Paris, mais ils étaient parvenus à retrouver sa trace par la suite. Leur proie venait de rentrer en Angleterre et se cachait en ce moment même à Londres. Il serait la première cible. Ensuite viendrait le tour de la femme.

Le Commandeur disposait de plusieurs atouts entre les mains. Il était essentiel de bien les jouer : l’enjeu était crucial et n’admettait aucune erreur. La partie avait commencé, et tous les moyens seraient mis en œuvre pour la gagner.

 

*

 

Sir George Kendall venait de terminer ses audiences. Il avait comme chaque jour présidé son tribunal une partie de l’après-midi. Les affaires qu’il avait jugées ne s’étaient guère révélées passionnantes : un vol à l’étalage commis par un mendiant, une altercation entre deux ivrognes, une pitoyable escroquerie. Rien que de très banal.

Le magistrat de Westminster était un homme profondément intègre. Il jugeait en toute équité les prévenus qui comparaissaient devant lui, interrogeant témoins et accusés avec une égale impartialité. De nature méfiante, il exigeait des preuves et des témoignages oculaires directs pour condamner quelqu’un, refusant de se fier aux ouï-dire et aux racontars invoqués par la pléthore d’avocats peu scrupuleux qui gangrenait les prétoires londoniens. La clairvoyance de Sir George Kendall était rarement prise en défaut, et sa probité reconnue par tous.

Pour l’heure, il rentrait chez lui faire un brin de toilette et se changer. Le magistrat devait en effet souper le soir même chez des amis avec son épouse Mary, sortie faire des emplettes.

Sa perruque à la main, il monta d’un pas lourd l’escalier qui menait à ses appartements. Les marches craquaient sinistrement sous ses chaussures, ce qui ne manquait jamais de lui irriter les nerfs. Arrivé sur le palier, il bifurqua vers sa chambre. Les domestiques vaquaient à leurs occupations dans la cuisine ou à l’office, et il se trouvait donc seul à l’étage. Un courant d’air glacial traversa le couloir sombre : les désagréments d’une maison orientée plein nord qui ne connaissait pas la chaleur du soleil. Une fenêtre avait dû être mal fermée. Cependant, un inexplicable sentiment de malaise l’envahit soudain.

Le magistrat commença à déboutonner son gilet de soie, mais il interrompit son geste avant de l’avoir achevé et se figea, tendu.

Quelque chose n’allait pas.

Ce n’était pas de l’angoisse à proprement parler. Juste une lancinante appréhension incrustée dans tout son corps. La porte grinça derrière lui. Il se retourna brusquement et un éclair argenté frappa son regard. Il eut alors la sensation qu’un bloc de glace tombait sur sa poitrine.

Devant lui, immobile telle une statue, se tenait un jeune homme. Un jeune homme aux traits fins et à la grâce évanescente, d’une beauté presque inhumaine. La sensation d’irréalité qu’il dégageait était accrue par la couleur de ses cheveux. Des cheveux d’une blancheur de neige, en complète contradiction avec son visage juvénile. Sir Kendall ne pouvait détacher son regard de cet être étrange, partagé entre fascination et effroi.

Le jeune homme le fixait également de ses yeux gris-bleu, impassible. Il semblait être au-delà de tout sentiment, de toute émotion. Devant un tel détachement, un frisson parcourut l’échiné de Sir Kendall, et la sueur perla à son front. Il fit un pas en arrière, se heurtant à l’armoire.

— Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? demanda-t-il sans parvenir à réprimer le tremblement de sa voix.

C’était plus fort que lui, il ne pouvait maîtriser sa peur. Au cours de sa carrière, il avait côtoyé nombre de délinquants. Des meurtriers, des voleurs, des escrocs, des crapules sans foi ni loi. Mais aucun n’avait réussi à susciter en lui l’incontrôlable sentiment de panique éprouvé en cet instant.

Le jeune homme au visage d’ange demeurait silencieux, se contentant de braquer ses yeux morts dans sa direction.

Le sang de Sir Kendall se glaça dans ses veines. Un funeste pressentiment le submergea, mais il était déjà trop tard pour réagir. Il voulut crier, appeler à l’aide, mais sa langue semblait collée à son palais et aucun son ne sortit de sa bouche.

Deux poignards aux lames effilées brillèrent soudain dans la pénombre où se tenait l’intrus.

Sir George Kendall sentit son cœur s’affoler.

Le temps parut se figer… puis s’accélérer lorsque le jeune homme bondit vers lui. Jamais le magistrat n’avait vu quelqu’un se mouvoir aussi vite. Ce fut sa dernière pensée, car d’un coup net et précis, un des poignards plongea dans son cœur.

La mort fut instantanée. Avec un bruit sourd, le corps s’effondra sur le sol.

Le meurtrier de Sir Kendall recula d’un pas et essuya soigneusement la lame de son poignard avant de le rengainer dans son fourreau de nacre. Il glissa l’autre dans sa manche.

Le cadavre gisait à ses pieds, masse informe et flasque dont le sang presque noir coulait sur le parquet ciré. D’un geste mécanique, l’assassin sortit une perle et un rubis d’une petite bourse et les glissa dans la paume encore chaude du magistrat.

La journée n’était pas terminée. Il avait encore un travail à accomplir.

Il devait maintenant se rendre à Prince Street.

 

*

 

Il faisait déjà nuit lorsque Cassandra parvint là-bas. Bien qu’éclairée à intervalles réguliers par des réverbères, la rue était noyée dans un brouillard humide. La jeune femme descendit prestement de la voiture et donna instruction à son cocher de l’attendre. Afin d’être plus à l’aise dans ses mouvements, elle avait lissé et ramassé en arrière sa chevelure en une lourde natte maintenue par des rubans de soie entrelacés, et revêtu de nouveau des vêtements masculins, autrement plus confortables et pratiques qu’une crinoline.

Thomas Ferguson n’avait pas mentionné d’adresse précise dans sa lettre, mais Cassandra savait, pour y être déjà venue, que la maison qui l’intéressait se situait au numéro 10 de Prince Street. En deux enjambées, elle atteignit le portail de fer forgé qui gardait l’entrée de la demeure.

La maison était une bâtisse de brique rouge d’apparence banale, entourée d’un jardinet, et dont les volets à l’avant étaient clos. Cassandra dut peser de tout son poids sur le portail rouillé pour l’ouvrir. Le jardin laissé à l’abandon offrait un triste spectacle. L’herbe était jonchée de feuilles mortes, et les parterres de fleurs achevaient de pourrir, de même que les rosiers grimpants qui agrémentaient autrefois la façade.

Cassandra s’approcha de la porte d’entrée et fit jouer plusieurs fois le marteau sur le heurtoir. Nul ne répondit. Elle n’en fut pas surprise : à sa connaissance, personne n’avait habité cette maison depuis des années, depuis que Thomas Ferguson, alors professeur d’histoire à l’université de Londres, avait contracté un héritage et abandonné son métier pour courir le monde à la poursuite de son obsession.

Cassandra poussa la porte et, à son étonnement, le battant céda sans difficulté. Elle fronça les sourcils en constatant que la serrure avait été forcée.

— Il semblerait que je ne sois pas la première à venir ici en l’absence du propriétaire, marmonna-t-elle en tâtant le pistolet dissimulé sous son manteau de velours noir.

Portant la lampe qu’elle avait pris la précaution d’emmener haut devant elle, Cassandra pénétra dans un corridor plongé dans une dense obscurité. Elle fit quelques pas puis s’immobilisa et tendit l’oreille, à l’affût du moindre bruit suspect. La maison paraissait paisible, mais Cassandra savait d’expérience qu’il était hasardeux de se fier aux apparences lorsque l’on se faufilait de nuit dans une demeure qui ne nous appartenait pas.

Elle visita le rez-de-chaussée sans rencontrer âme qui vive. Le sol des pièces était tapissé d’une épaisse couche de poussière, et des toiles d’araignées s’étaient formées dans les angles des plafonds. Autrement plus inquiétantes étaient les traces d’effraction qui parsemaient les lieux : les draps blancs qui recouvraient les meubles avaient été arrachés, les fauteuils renversés et éventrés, les tiroirs des secrétaires jetés à terre, des pans entiers de tapisserie décollés des murs, les briques des manteaux de cheminées descellées, les lattes de parquet défoncées… La maison avait fait l’objet d’une fouille en règle, minutieuse et systématique ; pas un centimètre carré ne semblait avoir échappé au regard inquisiteur des intrus, probablement les mêmes que ceux qui avaient forcé la porte d’entrée.

À la différence des inconnus, la maison en elle-même n’intéressait pas Cassandra. C’est pourquoi elle renonça à explorer les étages, et se dirigea directement vers le fond de la bâtisse pour déboucher dans le jardin à l’arrière, enclos d’un haut mur percé d’une porte métallique. La porte, qui curieusement n’était pas fermée à clé, poussa une plainte révoltée lorsque Cassandra la franchit. La jeune femme traversa une allée de gravier, un bosquet d’arbres squelettiques, et se retrouva dans un petit cimetière. La silhouette trapue d’une église se découpait sur le ciel d’encre, et des brumes d’argent se glissaient entre les tombes qui reposaient calmement à la lueur de la lune, ombres fantomatiques surgies du néant.

À travers les tourbillons et remous du brouillard, Cassandra s’orienta sans hésiter vers la partie orientale du cimetière et s’arrêta devant la tombe de Charlotte Ferguson, l’épouse de Thomas décédée vingt ans plus tôt. Là, Cassandra sursauta. La stèle de marbre qui portait l’épitaphe, but de son expédition, gisait à terre, brisée en morceaux. Elle arrivait trop tard : « on » l’avait devancée.

Dépitée, Cassandra était sur le point de quitter les lieux lorsqu’elle perçut du coin de l’œil un mouvement fugace. Une silhouette s’était subrepticement glissée derrière elle.

Tous les sens aux aguets, Cassandra sortit son arme et se dirigea d’un pas furtif vers l’endroit où l’ombre avait disparu. Soudain, une forme jaillit de l’obscurité. En un éclair, un pistolet étincela sur la tempe de Cassandra ; de l’autre bras, son agresseur l’enserrait avec vigueur. De surprise, elle lâcha la lampe qui roula sur l’herbe humide.

— Jetez aussi votre arme, souffla une voix masculine pétrie d’hostilité.

Cassandra obtempéra. Son adversaire n’avait pas l’air de plaisanter.

— Qui êtes-vous ? interrogea sèchement l’inconnu.

Au vu de la situation, elle jugea inutile de mentir.

— Je m’appelle Cassandra Jamiston.

La réaction fut immédiate.

— Vraiment ? Vous êtes la fameuse Miss Jamiston ? s’étonna l’homme d’un ton nettement plus chaleureux.

Il relâcha son étreinte et cessa de menacer Cassandra de son arme. Libérée, celle-ci se retourna vivement vers son agresseur. L’inconnu la fixait, solidement campé sur ses jambes, les bras croisés.

— Je suis Nicholas Ferguson. Mon père m’a parlé de vous.

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